LA PETITE LUCARNE

Hertz et ondes positives

 

Un soir de test, alors que je découvrais l’escrime, j’eu une véritable révélation (une nouvelle !). Et si je proposais un concept d’émission à Angers Télé, la chaine locale ? Et si je faisais découvrir des sports en allant à la rencontre des passionnés dans les associations locales ?

Ni une ni deux, je contacte le journaliste sportif de la chaîne, un ancien coéquipier de club de foot (car, après tout, le foot est une grande famille !). L’idée lui plaît, et c’est ainsi qu’a débuté une nouvelle aventure que nous avons baptisée 100 % Immersion. Je serai devant la caméra, il sera derrière.

Au-delà du sport, cette émission m’aura permis de rencontrer des passionnés qui m’ont transmis bien plus qu’une discipline. À leurs yeux, leur sport est tout simplement une philosophie de vie. J’ai eu la chance de tester environ 80 sports, dont certains particulièrement mémorables, comme la pole dance (j’ai pris conscience que la souplesse n’était pas mon point fort) ou encore la natation synchronisée et le quidditch, ce sport inspiré du monde d’Harry Potter. Et croyez-moi, courir avec un balai entre les jambes, disons que ce n’est pas l’expérience la plus flatteuse pour l’égo !

Cependant, une discipline m’a marqué plus profondément : le vélo sur piste. La montée d’adrénaline ressentie en abordant pour la première fois les virages inclinés du vélodrome restera gravée en moi. Je n’oublierai jamais cette appréhension face à la possibilité d’une chute sur le vieux goudron usé du vélodrome d’Angers. Sortir de ma zone de confort pour affronter ces moments intenses a été une épreuve, mais aussi une grande satisfaction, surtout en endossant mon rôle habituel d’amuseur-chambreur durant les tournages.

En effet, je prenais un réel plaisir à jouer ce personnage un peu décalé, forçant le trait, un brin provocateur, celui du sportif moyen dans toutes les disciplines. Certes, je sais patiner, mais pas en arrière. Je peux nager, mais pas le crawl sur 100 mètres sans m’arrêter pour respirer à 50. Le sport est avant tout une question de technique et d’années de pratique.

Malgré cela, certains internautes n’adhéraient pas au concept global de l’émission. J’ai reçu mon lot de commentaires odieux et insultants sur les réseaux sociaux, venant de personnes cachées derrière un pseudo, cherchant uniquement à blesser. Ce genre de comportement est difficile à accepter, surtout quand on prend du plaisir à créer et à improviser chaque tournage, sans jamais répéter deux prises identiques, et en s’appuyant sur une bonne dose d’auto-dérision. Rien de plus.  J’accepte les critiques constructives mais pas les injures et les moqueries.

C’est dans ces moments-là que j’ai compris ce que peuvent vivre les personnes victimes de persécutions sur les réseaux sociaux. L’acharnement médiatique peut être destructeur. Et comme vous pouvez l’imaginer, aimant profondément les gens, cette haine gratuite m’attristait profondément.

À l’inverse, il y avait aussi des moments lumineux qui redonnaient tout leur sens à mon travail. Je pense à cette scène un peu gênante, dans une grande surface, lorsqu’un père de famille m’observait depuis un moment dans les rayons. Lorsqu’il a croisé mon regard, il m’a interpellé : Vous êtes bien monsieur 100 % Immersion ? Mon fils adore votre émission. Pourrait-il faire une photo avec vous ? Avec un sourire, je lui ai répondu : « Paraît-il ! Ce sera avec plaisir pour la photo ».

Ce genre de rencontre, bien que surprenante, est une véritable bouffée d’air frais, une raison de continuer, malgré les obstacles.

Une autre discipline m’aura, quant à elle, marqué physiquement : le rugby féminin. Mon binôme m’avait suggéré de tester ce sport. À l’époque, je lui avais répondu que je préférais découvrir la version féminine, pensant qu’elle serait plus "soft" en termes d’impact. J’avais encore en mémoire des tournages précédents, comme celui du football américain, qui avaient été très éprouvants pour mon corps. Les joueurs prenaient un malin plaisir à me tamponner pour optimiser le résultat des séquences. C’était le jeu ma pauvre Lucette !

Lorsqu’on m’a invité à rejoindre la section féminine pour un tournage, tout a commencé sur une note légère. Fidèle à moi-même, je plaisantais et taquinais, jusqu’au moment du match. Je réceptionne un ballon et j’avance le ballon contre mon flan. Surgissant de l’arrière, un pilier déterminé me plaque au sol. Résultat : elle a brillamment atteint son objectif. Malheureusement, dans l’action, tout son poids s’est retrouvé sur ma cheville, via son genou. En souvenir de cette aventure, j’ai hérité d’une belle entorse et, pire encore, d’un arrachement osseux au niveau de l’astragale — situé juste sous la malléole de la cheville.

Depuis cet épisode, mon pied reste très sensible aux sports à impact, comme la course à pied ou les sports de raquette nécessitant des changements de direction. Mon articulation me rappelle également à l’ordre les jours où le taux d’humidité dans l’air est élevé. Ah, l’arthrose ! Même une longue randonnée en montagne peut raviver cette douleur et me faire sérieusement boiter.

Cela dit, je ne garde aucune rancune envers mon adversaire d’un soir. Elle n’a jamais su les conséquences de ce plaquage, et je ne lui en veux pas le moins du monde. Après tout, les blessures font partie du sport, et il faut apprendre à les accepter. Cette expérience m’aura toutefois conduit à repenser ma pratique sportive : je privilégie désormais des activités plus douces, laissant de côté les efforts prolongés et les disciplines exigeant des impacts répétés. Mais cette évolution, je vous en parlerai un peu plus tard.

Au bout de trois saisons, l’émission s’arrête. Pourtant, je prenais un immense plaisir à la réaliser et j’aurais volontiers continué pour une quatrième saison, si le propriétaire de l’époque n’avait pas bondi un jour en découvrant ma facture. Après tout, toute peine mérite salaire. Il n’avait pas pris en compte les revenus générés par les sponsors, qui garantissaient pourtant la rentabilité de l’émission.

Une émission de ce genre nécessitait une préparation minutieuse en amont, anticiper les tournages, les moyens à produire, les événements, les éventuels partenaires sponsors, etc. Avec la rentrée qui approchait, aucune décision claire n’avait été prise concernant sa continuité. Confronté à cette incertitude ainsi qu'à un manque de respect et de considération — mes factures n’étaient payées qu’après trois mois, malgré de multiples relances, une habitude du patron qui n’était autre que le propriétaire du club de football professionnel d'Angers— j’ai finalement décidé de jeter l’éponge, à contre-cœur.

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Jour de tournage 100 % immersion